Depuis les débuts de Boîtier Rouge nous n’avions jamais testé encore d’Opel. Cet oubli est désormais réparé. Après un essai vintage (lire aussi: Opel Kadett Caravan 1963), voici l’essai du dernier né de la marque à l’éclair, le Grandland X. Nous étions curieux d’essayer ce cousin du Peugeot 3008 qui nous en dit long sur l’avenir de la marque Opel. C’est donc l’équipe BR quasiment au complet qui est parti essayer ce nouveau SUV.
Cousin par alliance
Vous le savez, PSA s’est offert Opel (lire aussi : PSA rachète le Blitz). Après des décennies de pertes chroniques, le géant General Motors a fini par jeter l’éponge et a refilé à PSA, le bébé, l’éponge, l’eau du bain et quelques emmerdes. Si le rachat de la branche européenne de GM par PSA a fait couler beaucoup d’encre, dans nos colonnes ou ailleurs, la collaboration technique entre Peugeot et Opel avait commencé bien avant la signature, en 2012, lorsque GM et PSA avaient tenté une première alliance. C’est ainsi que le dernier né de la marque est directement dérivé de la star française, j’ai nommé le 3008, sur la désormais fameuse plate-forme EMP2 (commune aussi au DS 7 Crossback).
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Si la Peugeot 3008 est une cousine partageant plate-forme EMP2 et moteurs, la version Vauxhall est une soeur jumelle, au logo près !
Au premier abord, le Grandland X possède sa propre personnalité. Le SUV reprend les derniers codes en vigueur chez Opel avec une calandre imposante et le montant arrière en forme d’aileron de requin. Il s’inscrit ainsi clairement dans un air de famille avec le Mokka X et le Crossland X. C’est pas très original, c’est ni moche, ni beau, on est dans le consensuel.
Alors qu’avec Paul et Aurélie nous nous arrêtons dans les Alpilles pour admirer le paysage, je remarque le pli de carrosserie du capot identique au 3008, les passages de roues, le profil, les bas de caisse ou les proportions du véhicule. Si le Grandland X ne ressemble pas plus que ça au Peugeot, il s’agit bien de la même base. Les amateurs de Made in France seront ravis d’apprendre que si les deux SUV partagent les mêmes châssis, ils partagent également la même usine à Sochaux.
Si de l’extérieur on peut trouver des similitudes avec sa lionne de cousine, à l’intérieur il en est tout autre. Loin du style futuriste et excentrique de la Peugeot, ici on fait dans le classique. Les matériaux sont de bonne facture, c’est bien rangé, avec un volant de taille normale (trop grand diront les amateurs de Peugeot), la position de conduite est facile à trouver, on se sent bien instantanément dans cette Opel et pour moi c’est une première. Je dois vous l’avouer, à chaque fois que je monte en Opel je peste contre la position de conduite, les sièges, le volant, et tout le reste. L’interface multimédia dotée d’un écran 8 pouces est agréable et de manière générale Opel frappe fort sur l’équipement.
Sur la route
Pour tester les aptitudes de ce SUV je pars avec Aurélie dans les Alpilles. Dans les virages serrés, l’engin s’en sort fort bien. Certes il dispose du meilleur châssis du marché avec celui du très dynamique 3008. Mais ici les réglages sont différents. L’Opel est typé confort, quand le Peugeot est plus ferme. Sur la route, le compromis est très acceptable. On ne perd pas réellement en comportement routier mais on gagne peut être un peu en douceur. Notre modèle est ici équipé du 1.6 Ecotec de 120 chevaux (en fait un BlueHDi).
Dans les faits ça ne change pas grand chose, mais c’est la philosophie qui est différente ici. Le volant plus grand, les lignes plus douces du tableau de bord, l’esprit général, ici nous sommes dans une Opel. Je dirais même une Opel en mieux. Le confort est très honnête, et les raccords de bitume sont avalés en douceur. Aurélie qui est plus habituée à conduire des voitures des années 80/90 trouve instantanément ses marques, confirmant mes propres premières impressions. Si elle se laissait tenter, elle trouverait dans le Grandland un grand coffre et une belle modularité synonyme de poussettes et de visites chez Ikea. Mais ne vous détrompez pas, si Aurélie est mère de famille depuis peu, elle n’en reste pas moins sportive et met à profit les lacets des Alpilles pour une petite balade dynamique.
Nous ne sommes pas là pour faire du tourisme mais aller dans les Alpilles sans aller faire un tour en Camargue serait une grosse faute de goût. Cela tombe bien, la sympathique Anne-Chantal Pauwels nous propose de faire l’ouvreuse et de nous mener jusqu’à un petit village de pécheurs à 100 bornes de là. Si elle est très discrète, j’ai quand même reconnu chez Anne Chantal la copilote attitrée de François Delecour en rallye pendant des années. Visiblement elle en a gardé un joli coup de volant et une appréciation des trajectoires idéale : nous imprimons un bon rythme, le trajet ne sera qu’une petite formalité. L’occasion de vérifier une fois de plus les bonnes dispositions du Grandland pour la route.
Mais qu’en est il sur les chemins et dans le sable ? Vous pourriez me dire que ce véhicule n’est pas fait pour ça mais Opel a doté notre exemplaire de “l’Intelligrip” (un système directement issu de chez PSA, connu sous le nom de Grip Control). Par le biais d’une molette, on dispose alors de plusieurs modes de conduite, Normal, neige, boue, sable et ESP off. Nous jetons notre dévolu sur le mode sable et filons dans un paysage de rêve à destination de la plage. Si l’Opel n’est absolument pas un 4X4, il n’en demeure pas moins qu’il est capable de se mouvoir dans le sable sans aucune difficulté. Dans les chemins, si le confort à l’avant est fort acceptable, Paul notre maître à tous est un peu secoué sur la banquette arrière. Je pense pas que notre patron ferait une semaine de Dakar dans ces conditions.
A l’heure où nous nous arrêtons chez Bob, une institution locale à base de grillades dans la cheminée, pour rendre les clés de notre Opel, un bilan s’impose. On a beaucoup parlé de Peugeot dans cet article, mais comment faire autrement ? Pourtant s’il s’agit bien de la même technologie, il s’agit là de deux voitures bien différentes. L’idée n’est pas de savoir laquelle est la meilleure, honnêtement elles se valent. Mais aussi semblables soient elles, les 3008 et Grandland X ne s’adressent pas à la même clientèle. Leur philosophie est différente et elles attireront chacune leur clientèle.
Et si c’était la bonne stratégie, Opel, piochant dans la technologie PSA, pour proposer des voitures plus consensuelles, aptes à séduire en Allemagne, en Europe du nord ou en Angleterre (sous la marque Vauxhall) et disposant enfin de trains roulants de bon niveau ? En terme de positionnement, l’Opel est un peu moins chère que le Peugeot à gamme égale (environ 2500 euros). J’ignore quelle sera la politique d’Opel à l’avenir, et comment PSA positionnera la marque dans le groupe, mais ce premier jet nous donne un premier élément de réponse.